Serpents et Lions ne s'entendent pas .

Le professeur Rubis fit un geste désabusé de la main vers la porte de sa classe . C'était le signal tant attendu par les élèves de sixième année de Gryffondor et Poufsouffle qui partageaient ce cours . Dans un raclement de chaises général sur le sol de pierre, se répercutant dans les étages du dessous et dont un échos semblable résonnait au dessus, les jeunes sorciers se levèrent et jetèrent leurs affaires pèle-mêle dans leurs sacs, faisant un brouhaha de tous les diables . Jeunes et impatients qu'ils étaient, ce cours théorique sur les sortilèges informulés les avait fort peu intéressés pour la plupart, comme tout ce qui n'incluait pas d'action, et l'heure du déjeuner et de la pause avant les cours de l'après-midi étant arrivées, ils s'évaporèrent de la salle en moins de deux minutes .

Olyssa Nymfalis faisait partie de ces élèves . Le flux des étudiants en sorcellerie de Poudlard se dirigeait vers le grand escalier de marbre atterrissant dans le Hall, et enflait de minute en minute avec l'arrivée des élèves qui avaient cours aux étages supérieurs, ralentissait en rencontrant ceux provenant des étages inférieurs . Olyssa, serrant son manuel de sortilèges contre sa poitrine, jouait habilement des coudes pour percer un passage dans cette foule compacte . Après tout, elle n'était pas joueuse de Quidditch pour rien et savait utiliser son adresse et sa vivacité quand il le fallait . De plus, elle avait une forte tendance à la claustrophobie et ne supportait pas être enfermée, retenue contre son grès, et les endroits bondés et oppressants faisaient donc parti des choses qu'elle redoutait . Son champ d'action lui paraissait soudain si limité … Sa pire crise de panique liée à cette cause était sans conteste la fois où elle avait été pétrifiée l'année précédente par Math … STOP. Elle s'interdisait de penser à ce moment qui comptait pour l'un des plus humiliants et des plus douloureux de sa vie .

Les vacances de Noël étaient bel et bien terminées . Les cours avaient repris depuis trois jours, et pour les sixième année, ils étaient plus ardus et les professeurs plus exigeants que jamais . Et dire qu'ils croyaient avoir franchi le cap le plus difficile avec leurs BUSE l'année précédente … C'était sans compter la préparation aux ASPIC. Olyssa avait obtenu neuf BUSE, dont sept avec la mention Optimal, les Potions et l'Histoire de la Magie notées Effort Exceptionnel . Néanmoins, elle s'était retrouvée avec un Désolant en Divination, ce qui n'avait pas empêché Cathy Nymfalis de chantonner à tue-tête tout l'été et de lui offrir un mois de vacances dans le sud de la France pour y retrouver ses amis de Beauxbâtons, dont deux semaines partagées avec Sam .

Perdue dans ses pensées nostalgiques, Olyssa jeta un oeil à l'extérieur du château : Le temps en ce mois de janvier était castastrophique, un blizzard glacé transformait la neige qui recouvrait le parc en une dure couche de glace . Tout, le temps y compris, rappelait à Oly la couleur terne qu'avait repris sa vie depuis octobre . Avec Sam Ridley, son petit ami, cela n'allait plus . Le jeune capitaine de l'équipe de Quidditch des Lions avait fini par perdre patience, et ne se faisait plus aussi clément avec elle . Le problème était que le septième année s'attachait à elle de jour en jour, prévoyant même des futurs plans de mariage, alors qu' Olyssa, elle, se faisait de plus en plus désagréable et distante . Elle l'avait même trompé une fois durant l'été, mais ça, bien heureusement il ne le savait pas . Sam avait beau être l'un des garçons les plus compréhensifs qu'il devait existait sur cette planète, après neuf mois de relation et pratiquement aucun changement, il n'arrivait plus à trouver d'excuses à l'attitude de la Préfète-en-Chef et commençait à se lasser, ce qui laissait Oly presque aussi indifférente qu'un Hypogriffe devant un potager de citrouilles . Elle sentait la fin approcher et l'acceptait plutôt bien - tout comme son statut de fautive dans cette dégénérescence – En réalité, elle accueillait presque cette fin comme une libération, c'était une question de jours, mais ça, jamais elle ne le dirait à Sam, elle lui avait déjà fait bien trop de mal et s'en voulait énormément …

La question était maintenant : Comment parvenir à bout de ses humeurs incontrôlables depuis bientôt un an ? Elle ne voulait pas savoir quelle était leur source, elle ne s'en doutait que trop bien et voulait vraiment éviter ne serait-ce qu'y songer. Cette douleur dans son coeur était insupportable lorsqu'elle se permettait cet écart, comme si un Filet du Diable l'encerrait de ses tentacules jusqu'à l'étouffer .
Olyssa allait avoir dix-sept ans. Et elle avait énormément changé depuis sa rentrée en cinquième année . Non seulement physiquement par de petits détails, sa longue crinière blonde immuable n'ondulait plus jusqu'à ses hanches mais avait été coupée au dessus de la taille, et les formes ondoyantes de son corps élancé s'étaient faites plus harmonieuses . Mais la transformation avait surtout été mentale . Elle s'était faite plus dure, plus distante, plus irritable encore, et parfois son regard était si vide que l'on pouvait croire que toute joie de vivre l'avait abandonnée, comme si elle était rongée de l'intérieur par quelque chose qu'elle n'avait pas obtenu . La Gryffondor n'avait plus vraiment de relations amicales sincères et profondes . Elle passait la moitié de son temps seule, et l'autre avec Sam, les Gryffondors de son année ou de temps en temps Zahabeth Salaz, pour qui elle s'était prise d'une certaine affection . Peut-être était-ce parce qu'en un certain sens, la poursuiveuse de Serpentard lui rappelait son ancienne meilleure amie, Kalinah Horuni, avec qui la réconciliation semblait impossible … Oh certes, parfois un petit sourire ne pouvait s'empêcher d'être échangé entre les deux jeunes filles, mais leurs regards étaient tristes et elle se saluaient à peine . Oly soupçonnait fort Fenrir d'être pour quelque chose dans l'envenimement de cette situation, comme toujours … Déjà parce qu'ils se détestaient depuis la première année, ensuite parce qu'il semblait être le petit ami de Kali et avait de ce fait forcément de l'influence sur elle, et enfin parce que c'était lui qui avait signé la fin de son amitié avec Adams – Oui, être amie avec l'héritière Salaz apportait ses avantages -

Olyssa prit le tournant du dernier couloir et se fraya un passage pour entamer le processus de descente de l'escalier principal, qui lui permettrait enfin d'accéder à la Grande Salle . Les concepteurs de Poudlard avait pensé à beaucoup de choses en créant l'école, mais malgré la taille colossale de l'escalier de marbre, il en aurait fallu trois pour éviter ce genre d'embouteillage aux heures de repas . Mais alors qu' Olyssa allait accéder au perron supérieur du fameux et unique escalier, un torse arborant négligemment une cravate rayée de gris et de vert sur une chemise d'un blanc immaculé lui barra le passage, attirant les grognements des élèves qui devaient les contourner . De ce fait, Oly était fort proche de cet individu, et en bonne Gryffondor, elle ne supportait pas une quelconque proximité avec les Serpentards, ou du moins ne la supportait plus, et elle s'apprêtait à lever la tête pour apostropher celui qui lui faisait effrontément face, lorsque ses yeux tombèrent nez à nez avec un insigne qu'elle-même portait … Or cet insigne était loin d'être répandu et on en comptait deux à Poudlard … Le coeur de la jeune fille manqua bien trois battements . Adams l'empêchait de passer .

[ x) Et C'est parti Mathias ! ]

Préfet-en-Chef Date de naissance : 29/05/1993 † Niveau : Sixième Année

On disait souvent des Serpentards qu’ils étaient lâches. C’était pourtant archi-faux. Comment pourrait-on avoir comme principal trait de caractère l’ambition tout en étant un lâche ? Les Verts et Argents ne manquaient pas de courage, loin de là. Ils étaient simplement moins téméraires et têtes-brûlées que leurs compatriotes réunis sous l’étendard du Lion. Ils appréciaient les chemins détournés, sécuritaires, mais rien ne pouvait les empêcher d’obtenir ce qu’ils désiraient. Ils avaient le courage d’arriver à leurs fins, peu importe les moyens. Il y avait cependant des moments où la quantité de moyens offerts ne laissait, au final, pas le choix d’en venir à la confrontation. Ces moments répugnaient les Serpentards, la ruse ne leur étant alors pas de grande utilité, mais ils ne les fuyaient pas pour autant. Pas si c’était le seul moyen de parvenir au but fixé. Aujourd’hui était l’un de ces moments pour Mathias, Serpentard jusqu’au bout des ongles.

Le seul détail qui clochait, l’irritait parce que ça ne cessait de remettre en question ses décisions, c’était son manque de certitudes et de compréhension de la situation. Il allait faire quelque chose sans saisir tout à fait pourquoi. Qui plus est, ce quelque chose qu’il devait faire était quelque chose de monstrueusement répulsif pour le fier Serpentard qu’il était : une confrontation digne de l’attitude des Gryffondors. Il allait tenter de recoller les morceaux d’une amitié qu’il s’était assuré, en toute connaissance de cause, de briser en millions de minuscules fragments afin de rendre impossible toute reconstitution. Et pourquoi allait-il faire ça ? La seule réponse vraiment certaine qu’il pouvait mettre derrière cette question, c’était : « Parce que ma marraine m’a dit de le faire. ». Pathétique. Il n’aurait d’ailleurs jamais confié cette raison à quiconque. On agissait en fonction des décisions d’autrui quand on avait trois ans, pas seize. Pourtant...

Mathias n’avait pas arrêté de retourner dans sa tête la discussion qu’il avait eue durant les vacances de Noël avec sa tante, Odessa Adams, dans la bibliothèque du manoir Adams. Elle lui avait dit qu’il devait redevenir ami avec Olyssa. Ça avait paru tellement ridicule ! Et puis, ça l’était encore. C’était incongru qu’elle lui ait conseillé ça, en toute connaissance de cause de ce qu’Olyssa était : une Sang-Mêlée. Sauf qu’Odessa ne s’était jamais trompé. Elle avait toujours aiguillonné son filleul vers ce qui était le mieux pour lui. Comment pouvait-elle voir une amitié avec Olyssa comme étant le mieux pour lui ? Bonne question. Elle lui avait évidemment expliqué son point de vue, mais... Mathias avait quand même du mal à y croire. Ça le dégoûtait de revenir sur l’une de ses décisions, surtout vu les enjeux en cause. Néanmoins, il avait une confiance quasi aveugle en sa tante. Alors, après tout, pourquoi ne pas tenter le coup ? Dans le meilleur des cas, elle aurait raison (encore !) et dans le pire... ben, il s’en sortirait quand même haut la main. Il avait suffisamment réfléchi à la situation pour prendre des précautions, préparer des justifications à fournir en cas de besoin. Il ne s’étalerait sûrement pas en beauté si on venait à remettre en cause ses agissements. Il était trop intelligent pour ça... Et suffisamment arrogant pour prétendre à une amitié avec une Sang-Impur d’un côté tout en ne niant absolument pas ses convictions de l’autre.

Ça lui avait quand même pris toute la fin des vacances de Noël pour se décider ; plus les trois premiers jours d’école de janvier pour mettre en place un plan d’action. Ce n’était quand même pas si mal. Après avoir arrêté de parler à Olyssa pendant près d’un an, ce n’était pas comme si trois jours de plus ou de moins allaient tout changer. Le plan choisi était simple : coincer Olyssa dans un couloir, là où elle devrait obligatoirement l’écouter. Certes, on avait déjà vu plus original, mais l’important, c’était l’efficacité. Pourquoi changer une formule gagnante ? Le Préfet-en-Chef avait donc étudié l’emploi du temps des Gryffondors de sixième année pour choisir le moment le plus propice. Le mercredi, juste avant l’heure du repas du midi s’était avéré idéal. Olyssa ayant une heure de libre après le repas, elle ne pourrait pas invoquer une excuse du type « J’ai pas le temps de t’écouter, j’dois me dépêcher de manger avant mon prochain cours. ». Qui plus est, la marrée des étudiants en direction de la Grande Salle allait empêcher la Gryffondor de s’enfuir. Soit elle se résignerait à le suivre dans un endroit à l’écart, soit il lui parlerait au milieu de la foule. Dans un cas comme dans l’autre, il était gagnant puisqu’elle devrait l’écouter.

C’est la raison pour laquelle Mathias se retrouva près de l’escalier principale à midi moins le quart, attendant, appuyé contre le mur, que sonne la fin des cours. Le sien (Potions) avait fini à l’avance après qu’un élève ait malencontreusement fait exploser son chaudron, noyant le cachot qui servait de salle de cours d’un épais nuage particulièrement tenace de fumée d’un mauve opaque. Le professeur n’avait eu d’autre choix que de les laisser partir.

Il n’eut pas à attendre longtemps avant que ne déferle de tous les couloirs secondaires la populace affamée de Poudlard. Heureusement, l’étroitesse de l’escalier comparativement au nombre d’individu voulant l’emprunter créait un bouchon de circulation fort utile pour quelqu’un cherchant quelqu’un d’autre. Mathias n’eut pas trop de mal à repérer Olyssa au milieu de la multitude. Le Batteur de l’équipe de Quidditch de Serpentard se fraya alors un chemin à contre sens, ignorant les protestations plus ou moins discrète autour de lui, jusqu’à parvenir devant la Préfète-en-Chef, l’obligeant à s’arrêter.

Ça faisait longtemps qu’il ne l’avait pas regardé. Pour tuer l’amitié entre eux et, dans le même temps, se convaincre du peu de valeur qu’elle pouvait avoir, il avait dû l’ignorer. Il avait fait comme si elle n’existait pas, n’avait plus arrêté son regard sur elle depuis... et bien, probablement depuis le printemps dernier, quand il lui avait fait savoir qu’à ses yeux elle était une Sang-Impur et que ça. Néanmoins, il n’avait rien oublié de ses traits. Olyssa était comme il se la rappelait... mais en mieux. Avec un pincement au coeur, il réalisa qu’Odessa avait eu raison : Olyssa lui manquait terriblement. Fait chier !

"Hum... Je peux te parler ?", tenta-t-il d’un ton neutre, exempt de toute animosité.

Malgré le brouhaha ambiant, elle l’avait entendu. C’était apparent : la contraction du muscle à la courbe de sa mâchoire, son regard turquoise qu’elle gardait résolument fixé devant elle. Elle prit une grande inspiration, possiblement pour se calmer, mais vraisemblablement pas pour répondre. En effet, c’est sans dire le moindre mot ni faire le moindre signe volontaire qu’elle l’avait entendu qu’elle le contourna pour poursuivre sa route. C’était à prévoir. D’ailleurs, Mathias l’avait prévu. Et comme prévu, la foule des élèves joua en sa faveur, empêchant Olyssa de faire guère plus de trois pas. Qu’est-ce que sa tante avait dit déjà ? « Aucune fille ne peut te résister » ? Pfff... Masquant un sourire désabusé, l’héritier Adams emboîta le pas de la Préfète-en-Chef pour ensuite revenir lui barrer la route. Elle était peut-être têtue, mais lui aussi.

"Olyssa. Je suis venu m’excuser de mon attitude des derniers mois."

Mathias Adams qui s’excusait ? Effectivement, c’était un fait rare. Orgueil, quand tu nous tiens... Sauf que, cette fois là, les mots n’eurent aucun mal à sortir. Le Serpentard avait préparé son discours, répété mentalement tout ce qu’il allait dire, de telle sorte qu’il avait plus l’impression de dicter un texte que de parler sincèrement. C’était comme s’il s’exprimait pour une autre personne, un genre de pièce de théâtre. Qui plus est, il avait choisi la facilité : un mélange de mensonge et de vérité. Il n’allait certainement pas donner à Olyssa toutes les raisons derrières ses actions. Il voulait d’une amitié avec elle, mais pas au détriment de ses convictions profondes sur la valeur du sang. Il était trop fier pour ça.

"Ce n’était pas contre toi. Promis."

[Tadam ! Une longue réponse pour compenser le temps d'attente ! =)]

Cette voix … Le rythme cardiaque d' Olyssa s'accéléra sensiblement . Elle s'était efforcée de ne pas l'entendre depuis dix mois, et ce même lorsque les cours en commun avec les Serpentards l'avaient placée dans la même pièce qu'elle . Elle avait décidé de refouler tout intérêt de son inconscient pour le Vert et Argent, et Oly se laissant rarement guider par autre chose que sa raison, elle y était fort bien parvenue . Certes, elle ne pouvait nier que de nombreuses fois elle avait songé à Mathias, la nostalgie et la tristesse noyant la sombre colère qui la consumait . Mais ces pertes de contrôle étaient devenues sa phobie, et comme toute peur de cette ampleur, on évite d'y avoir à faire . Elle ne pouvait se permettre de persister à ressentir une quelconque affection pour le Serpentard, c'était inconcevable .
Au même titre que Fenrir, et bien plus encore, Mathias était son ennemi . Une telle amitié n'avait jamais été naturelle, elle était malsaine . Elle le haïssait . Du moins elle y croyait dur comme fer, et depuis toujours, les convictions de la jeune Nymfalis étaient inébranlables .

Olyssa avait pensé à un nombre assez étonnant d'attaques, d'humiliations, ou même à une dénonciation pour se venger. Elle avait cru être prête plus d'une fois pour les exécuter, notamment lorsque ses boucliers auditifs et visuels lui avaient fait défaut . Cependant, à chaque fois que de telles impulsions destructrices avaient pris le dessus, elles s'étaient soudain faites réduire à néant par une conscience écrasante .
Ces fois-là elle avait eu l'impression que son esprit s'était séparé de son corps, observant sa situation de l'extérieur et devenant redoutablement objectif et sensé . Passif . Une Gryffondor n'agirait pas comme un Serpent, jamais elle ne s'abaisserait à son niveau de lâcheté, jamais elle ne lui permettrait de constater le mal qu'il lui avait fait, et en conséquence l'importance qu'il avait pour elle .
En apprenant cette histoire par un Gryffondor de sixième année, quatre heures après son accomplissement, Sam avait bien proposé à Oly d'agir à sa place . Il avait même exigé . Hurlé, tempêté pendant des heures . En vain . Et n'avait eu d'autre choix que celui de respecter la volonté de la jeune Nymfalis, tant elle était catégorique . De même, il n'avait eu d'autre choix que d'accepter l'apparente ambiguïté des sentiments d'Olyssa pour le Préfet-en-Chef de Serpentard . Il en avait été blessé, s'était rassuré lui-même. Oly était restée muette comme une tombe .

Elle ne leva pas les yeux . Garda résolument son regard fixé sur le torse de Mathias . Si elle le regardait, elle était certaine de voir son indifférence et son calme s'envoler . Elle se transformerait en une furie . Sa voix la fit néanmoins frémir de colère, et ses mots d'autant plus . Lui parler ?! Il lui demandait l'autorisation alors qu'il le faisait déjà . Sa mâchoire se crispa si violemment qu'elle se mordit la langue, le goût métallique du sang se répandit dans sa bouche . Il n'avait qu'à lui envoyer un hibou, elle essaierait de penser à lui écrire en réponse une jolie lettre d'injures . Elle ne voulait pas lui parler . Ni l'écouter, et encore moins le voir ! Elle refusait d'être attendrie, contrainte à l'écoute après tous ces mois d'efforts . Respirant profondément, la Préfète-en-Chef bifurqua brusquement à droite, continuant impassiblement son chemin . Du moins elle essaya .

« Olyssa . Je suis venu m'excuser de mon attitude des derniers mois . »

Prononça la tête perchée en haut de ce putain de torse qui était revenu lui barrer la route la seconde d'après . Oly sentit ce qu'il allait arriver avant même que cela ne se produise . Le monstre de sa colère, accumulée tous ces mois, étreignit ses entrailles, se mit à les lacérer, provocant une douleur fulgurante . Il enflait, cherchait rageusement une sortie vers la liberté . Oly aurait voulu courir, voler, s'enterrrer, disparaître avant qu'il ne soit trop tard .

« Ce n'était pas contre toi . Promis . »

Il était trop tard . Elle n'avait pas choisi la tristesse, et c'est avec un regard empli d'une pure et profonde haine qu'elle leva soudainement les yeux vers Mathias . Rencontrer ses yeux sombres et son visage si parfait ne provoqua aucun attendrissement et amplifia encore le monstre qu'elle retenait désespérément . Une lueur un peu folle brillait dans son regard, et sa voix était plus hargneuse et méprisante qu'elle ne l'avait jamais été, légèrement plus élevée qu'à la normale .

« Je t'emmerde Adams . Tu crois que tes minables petites excuses vont rattraper ce que tu as fait ? »

Ce n'était pas contre elle ?!! La pétrifier en public, conclure leur amitié par un « Ne te mêles pas de ça, Sang Impur », ce n'était pas contre elle ? Mais il se foutait d'elle en plus !! Elle voulait lui faire du mal, lui provoquer une souffrance telle que celle qu'elle avait ressenti, écraser son insupportable arrogance . Il croyait vraiment possible que ces pathétiques excuses, cette pauvre justification allait arranger quoique ce soit ? Qu'elle allait éclater de rire comme au bon vieux temps et reprendre leurs discussions préférées là où elles en étaient restées ?! Mais pour qui se prenait-il avec sa prétendue supériorité ? Pour qui la prenait-il ? Une cruche à sa botte ? Un chien qu'on envoie balader et qu'on siffle la seconde d'après ?
Elle voulait l'humilier . Elle voulait exiger . Sa fureur la rendait stupide . En l'espace d'une seconde elle prit sa décision . C'était la fierté du Préfet-en-Chef ou son pardon . Elle ne doutait pas du refus de Mathias, mais cela lui permettrait de lui montrer qu'il n'y avait aucune marche arrière possible par sa faute . Et elle pensait qu'elle ressentirait à peine sa déception devant ce refus . Elle ne croyait plus en lui depuis longtemps . Alors son caprice, son répugnant chantage sortit de sa bouche d'une voix dure et coupante comme l'acier .

« Excuse-toi Adams, encore et encore . Mais surtout, agenouille-toi devant moi et pleurs-le ton pardon . Maintenant. »

Préfet-en-Chef Date de naissance : 29/05/1993 † Niveau : Sixième Année

Les efforts de Mathias pour obliger Olyssa à une quelconque réaction portèrent finalement leurs fruits. Peut-être aurait-il valu que ce ne fut pas le cas. En effet, lorsqu’elle arrêta, enfin, de fixer obstinément droit devant elle, se fut pour vriller son regard à celui de Mathias. Si un regard pouvait tuer... et bien, il ne serait pas mort sur le coup. Non. Le regard d’Olyssa lui promettait plutôt une souffrance abominable et des heures de torture avant que ne vienne le salvateur repos éternel. Ce regard n’en était pas un de colère, mais bien de rage. Étonnant d’ailleurs qu’elle parvienne à se maîtriser suffisamment pour que sa magie n’aille pas faire exploser deux ou trois élèves autour... Mathias dû faire preuve du même self-contrôle pour ne pas reculer d’un pas. Il n’allait quand même pas laisser une Sang-Impur l’intimider ! Toutefois, s’il avait écouté son instinct plutôt que sa fierté, il aurait probablement abdiqué.

« Je t'emmerde Adams . Tu crois que tes minables petites excuses vont rattraper ce que tu as fait ? »

Au ton de voix de la Préfète-en-Chef, il n’aurait été qu’à moitié étonné de la voir soudainement se changer en dragon. Il connaissait le tempérament emporté de la Lionne, mais il ne l’avait jamais vu atteindre un tel niveau de fureur. Et pourquoi ? Quand même... Il n’avait tué personne ! Le fait de lui signaler hargneusement que son sang la rendait impure l’avait blessé à ce point ? Ce ne pouvait pas être simplement son éloignement d’elle. C’était déjà arrivé par le passé et elle n’avait jamais fait une telle scène. Donc, ça venait forcément de « l’insulte ». Comme il l’avait prévu. D’accord, il l’avait peut-être un peu sous-estimé, mais il avait tout de même su anticiper les reproches de la Gryffondor, ce qui était rassurant. Mentalement, il ne pu s’empêcher de noter ce point faible de l’adolescente, ce qu’il regretta immédiatement. Tenter de redevenir ami avec une personne tout en mémorisant les meilleurs moyens de la blesser, ce n’était pas partir gagnant...

Jouant la sécurité, Mathias ne répondit rien à la question, sûrement rhétorique de toute façon, de son interlocutrice. Il se contenta de lui rendre calmement son regard et d’attendre qu’elle termine de cracher son venin. C’est qu’il s’était mentalement préparé à ce genre de réaction. Du coup, rester zen ne lui était pas trop difficile. Malheureusement, les filles, c’est compliqué. Du coup, dans son plan, il y avait une faille. Contrairement à ce qu’il pensait, les invectives d’Olyssa ne se ternirent pas en frappant le mur de calme qu’il leurs opposait. Elle semblait encore plus en colère quand elle poursuivit :

« Excuse-toi Adams, encore et encore . Mais surtout, agenouille-toi devant moi et pleurs-le ton pardon . Maintenant. »

Quoi ?? Elle exagérait ! Il aurait pu faire bien pire que de l’ignorer. Les histoires de Sang-de-Bourbes attaqués dans des corridors déserts du château se multipliaient. Bientôt, ce serait également le tour des Sang-Mêlés... Toujours est-il que, elle, elle n’avait été que traitée d’Impure et rejeter. Point. Ç’aurait pu être bien pire. Et quand bien même il l’aurait attaché par les pieds au plafond du Grand Hall, il ne se mettrait jamais à genou ! Ce rendait-elle compte de l’effort qu’il faisait ? Il passait par-dessus le fait qu’elle était de Sang-Impur ! Il acceptait en totale connaissance de cause de passer outre, ce qui impliquait des risques pour sa réputation. Et elle voulait l’humilier ? Ah !

"C’est une blague ?" , interrogea-t-il d’un ton interloqué qu’il ne chercha pas à dissimuler. Il savait évidemment que ce n’était pas le cas, vu la façon dont elle s’était exprimée, mais espérait lui faire réaliser le ridicule de sa requête par cette remarque.

Elle en demandait trop. Demander pardon, ce n’était pas son genre, mais encore, ça allait. Ce n’était que des mots après tout. Un échange contre ce qu’il lui avait dit : des mots contre des mots. Mais ce qu’elle exigeait, c’était un sacrifice à sa fierté. Elle ne l’aurait jamais fait pour lui, pourquoi devrait-il s’y plier ? Surtout que son sang valait plus que le sien. À moins d’être subitement devenu stupide, elle savait qu’il ne le ferait jamais. Plutôt crever.

« C'est une blague ? »

Olyssa ne pouvait supporter être rabaissée, c'était bien au-dessus de ses forces . Sa fierté était quelque chose de si susceptible … Mathias le savait pertinemment lorsqu'il l'avait pétrifiée, mais également lorsqu'il avait commis l'affront de la réduire à une « Sang-Impur », et tout autant lorsqu'il s'était mis à faire comme si elle n'avait jamais existé .
Et à présent, il devait parfaitement savoir que c'était une offense ahurissante de venir lui demander son pardon si simplement après ce qu'il avait fait, et de plus en lui laissant si peu d'espace de démarche . Oly était furieuse oui . Mais comment aurait-il pu en être autrement ? Le Vert et Argent ne la considérait pas mieux qu'un objet . Manipulable . C'était terriblement blessant . Ou était-il trop stupide pour comprendre les fautes incommensurables qu'il avait commises ? Oui c'était une certitude, le jeune Adams était un réel abruti et l'avait peut-être toujours été d'ailleurs . Une personne croyant justes des valeurs aussi extrémistes et simplistes ne pouvait être qu'une personne manquant sérieusement d'intelligence .

Ce qui paraissait néanmoins le plus plausible dans tout ça, c'est que Mathias était incapable de laisser sa fierté de côté pour elle, cela même alors qu'il était en tort . Et sachant qu'il s'était permis et se permettait toujours de piétiner la sienne, elle sentit définitivement un barrage céder . Elle l'aurait tué rien que pour ses principes et sa façon de les imposer de toute façon . Il n'était qu'un horrible personnage qui ne l'avait jamais considérée autrement que comme une victime, un naïf jouet qu'il pourrait briser lorsqu'il serait lassé .
Mais Oly ne se sentait pas du tout l'âme d'un jouet, encore moins celle d'une pacifiste ou d'un martyre . Et tandis que Mathias lui demandait d'un air halluciné et à la la fois de défi si son exigence était une plaisanterie, le torrent de ses émotions destructrices, mélange de déception intense et de rancoeur, éclata avec une violence qu'elle ne s'était jamais soupçonnée .

Retour en arrière . Lorsque Mathias Adams s'était permis de réduire Olyssa Nymfalis à l'immobilité un an plus tôt, pour la simple raison qu'elle avait voulu défendre un jeune sorcier maltraité pour ses origines moldues, et également pour son propre sang à demi moldu, elle avait réellement saisi l'utilité que pourrait avoir la pratique des sortilèges informulés . Cela avait été sa première pensée logique durant son heure de pétrification . Si bien qu'une semaine après sa mésaventure, quand elle avait réalisé que Sam apprenait à ce moment-là l'art des sortilèges informulés en cours, elle s'était intéressée de très près à ses prises de notes et à ses entraînements dans la Salle Commune des Lions . Ainsi elle avait fini par participer à ces entraînements avec Sam pendant des semaines, tout d'abord en s'essayant sur des sortilèges de base comme l'Alohomora, et finalement en tentant des sortilèges plus compliqués, de Métamorphose notamment . L'apprentissage avait été long, mais Oly avait fini par devenir assez brillante dans ce domaine . Elle adorait l'impression de puissance illimitée que lui octroyait la ruse de ces sorts . Ainsi ceci expliquait le peu d'intérêt qu'elle avait fourni à son cours précédent, le connaissant déjà de long en large . Et ainsi ceci laissait comprendre pourquoi la rage inapaisable de la sorcière la mena tout droit un sortilège informulé . Certains sorciers arrivaient à dominer leurs émotions jusqu'à de hauts degrés . Oly était bien trop jeune et impétueuse pour que cela soit son cas, et si ça avait été le cas, elle aurait peut-être été encore capable de voir quelque chose et aurait remarqué la lueur d'inquiétude dans le regard de Mathias, qui avait du appréhender une probable perte de contrôle vu l'expression folle de son visage . Mais à une telle ampleur ?

* Impero ! *

La Gryffondor n'avait jamais essayé de pratiquer un sortilège impardonnable . Déjà parce que les desseins de ces sortilèges étaient historiquement connus pour leur monstruosité, ensuite parce qu'ils étaient punis par les lois sorcières . Elle y avait certes, plusieurs fois songé, mais n'était jamais allée aussi loin . En même temps, elle n'avait sûrement jamais autant éprouvé le désir, le besoin de plier quelqu'un à sa volonté et de récolter ainsi sa souffrance . Au moins avait-elle tout de même choisi le plus innocent des trois sorts tabous .

La jeune Nymfalis avait beau avoir une détermination naturelle incroyable, et bien que démultipliée à ce moment, ses pouvoirs magiques naissants et le fait que le sort soit informulé, firent naître un Imperium très peu consistant qu'un sorcier mature aurait facilement repoussé, et qui ne ferait sûrement pas perdre l'esprit au Serpentard . Mais Mathias était également un jeune sorcier, et qui plus est un jeune sorcier surpris .
Oly s'enfonça à toute vitesse dans l'esprit de Mathias, traversant ses barrières mentales comme on traverse l'eau . Ses yeux paraissaient sombres tant elle était concentrée dans son élan vengeur . Une malsaine et sadique ivresse s'éprit d'elle dès qu'elle constata l'étendue du pouvoir qu'elle avait à ce moment sur l'héritier Adams .
Ce n'est que lorsqu' Oly, totalement incontrôlable, y compris par elle-même, s'attaqua aux fonctions motrices de Mathias et que les genoux du jeune homme tremblèrent sous son poids, attirés inexorablement vers le sol, que celui-ci sembla comprendre ce que la Rouge et Or entreprenait …

[ Pssssychopathe Serpents et Lions ne s'entendent pas . Siffle

Serpents et Lions ne s'entendent pas . Siffle

]

Préfet-en-Chef Date de naissance : 29/05/1993 † Niveau : Sixième Année

Olyssa ne répondit rien. Du moins, pas avec des mots. Ses traits se durcirent cependant davantage et elle semblait encore plus en colère que précédemment, ce que Mathias n’aurait pas cru possible. Honnêtement, il n’avait pas prévu ça, ce genre de réaction poussée à l’extrême. Il aurait probablement pu comprendre la façon de voir d’Olyssa s’il avait tenté de se mettre à sa place, mais c’était quelque chose qu’il ne savait pas faire. Fils de riches, enfant roi, on ne lui avait jamais appris l’empathie. Du coup, la situation lui échappait parce qu’il n’arrivait à la voir que de son point de vue. Et de ce point de vue, il avait raison (comme toujours) et les autres étaient en tord. Dans ce cas-ci : Olyssa était en tord. Elle n’aurait pas dû être aussi furibonde alors qu’il s’excusait. Qui plus est, tout ce qu’il disait semblait empirer les choses. Pourquoi ?

Il ne vit pas la Gryffondor sortir sa baguette magique. L’avait-elle eu en main depuis le début ? Toujours est-il qu’en une fraction de seconde, elle était entre eux, pointée sur lui. Le Serpentard se crispa, attendant un sort... qui ne vint pas. Une menace alors ? Non plus. La jeune Nymfalis restait muette. Devait-il dire quelque chose ? Risquait-il d’empirer la situation ? Il ouvrit la bouche pour tenter une interrogatoire. Parce que c’était ridicule. Elle allait faire quoi, l’envoyer valser dans le grand escalier ? Sauf qu’il eut à peine le temps d’ouvrir la bouche qu’il sentit comme un mur le heurter mentalement. C’était une sensation très difficile à définir, mais pas du tout agréable. C’était comme si un dragon s’enfonçait dans son esprit, retournant tout sur son passage. Incapable de lui opposer la moindre résistance (Comment aurait-il fait ? Ce n’était pas physique. C’était en lui et indépendant de lui en même temps. Il n’avait jamais appris à faire face à ce genre de truc.), la chose occupa bientôt toute sa conscience pour lui opposer une unique idée : Agenouille-toi !

C’était la voix d’Olyssa. Comment..? Incapable de réfléchir, trop surpris pour réagir avec un minimum de sang-froid, ce fut son instinct qui pris le dessus. Non ! Il ne se mettrait pas à genou ! Il refusait. Il n’en avait pas envie. Ce n’était pas lui qui s’ordonnait de plier les genoux, c’était la voix d’Olyssa, pas la sienne. Et il n’était pas question qu’elle lui vole sa fierté ! Il avait perdu conscience de la réalité qui l’entourait, n’entendait plus que la voix de l’adolescente dans sa tête sans la voir ni sentir les élèves qui continuaient de circuler autour en l’accrochant parfois de leur sac à dos. Tout son être s’accrochait à la seule idée de rester debout.

Alors la voix d’Olyssa enfla : AGENOUILLE-TOI ! Avec la violence d’une gifle, il sentit son lien avec son corps se rompre, comme si on enfermait son esprit dans une boîte, hors d’atteinte de sa part physique. Désormais, le corps de l’héritier des Adams répondait aux ordres d’Olyssa Nymfalis. Lui n’était plus rien. Un vide infini l’enveloppait, car plus rien n’existait. Il n’y avait que lui, avec lui-même. À la seconde même, les genoux dudit corps flanchèrent et rejoignirent brutalement le sol de pierres. La tête penchée vers l’avant, les bras inertes le long du corps, le Préfet-en-Chef était la parfaite représentation de la soumission. Plusieurs étudiants arrêtèrent leur marche pour regarder ce drôle de spectacle. Un garçon, Serpentard de surcroît, suppliant une fille de Gryffondor au milieu d’un couloir bondé, on ne voyait pas ça tous les jours. Bien sûr, Mathias ne sentit absolument pas leurs regards fixés sur lui. Les bruits ambiants lui parvenaient de façon assourdie. Il n’était plus là qu’à moitié...

Sujet: Re: Serpents et Lions ne s'entendent pas . Lun 4 Jan 2010 - 2:54

Olyssa s'attendait à ce que l'héritier Adams émette une certaine réticence à se prosterner à ses pieds . Après tout, la fierté démesurée - Quoique logique pour le coup - qui habitait également le jeune homme, l'avait déjà conduit à refuser quelques secondes plus tôt, alors imposé d'une manière si brutale … Et puis qui accepterait de s'agenouiller devant quelqu'un ? Qui plus est dans ces circonstances ?
C'est donc sans surprise qu' Oly rencontra une résistance mentale de la part de Mathias . La jeune Nymfalis fut néanmoins déçue . Le bouclier du Serpentard était si faible qu'il lui parut dérisoire, une simple flèche mal aiguisée et mal dirigée qui essayait de percer le mur d'acier de sa volonté . Elle la balaya sans aucune difficulté et modela sans plus tarder les actions de Mathias selon son désir .

Là où l'expérience lui avait paru durer une heure, il ne s'était écoulé qu'une vingtaine de secondes . Oly ne pensait pas que s'insinuer dans la conscience de quelqu'un était si passionnant … Peut-être parce qu'il s'agissait d'Adams et qu'elle rêvait d'une vengeance depuis des mois … Dans tous les cas, les genoux de Mathias plièrent et vinrent brusquement rejoindre le froid sol de pierres du premier étage . Les yeux se posèrent sur le soumis Préfet-en-Chef de Serpentard par dizaines . Horrifiés . Dégoûtés . Moqueurs . La Gryffondor en ressentit un plaisir et une satisfaction intenses … Qui s'évanouirent aussitôt .

La Rouge et Or se savait terriblement lunatique . Mais à ce point ? Une horreur sans nom vint soudain se peindre sur son visage lorsqu'elle baissa à nouveau ses yeux sur le Serpentard agenouillé devant elle, la tête prostrée en signe de soumission, le regard vague . Tout signe de résistance avait disparut de ses traits . Il n'y avait en fait plus rien sur ses traits . Ce n'était plus Mathias Adams. Un homme lobotomisé, un tigre dompté, voilà ce qui se tenait devant elle ... Elle venait de ridiculiser Mathias, d'accomplir un acte abominable que même dans ses plus noires pensées elle avait toujours fini par se refuser de réaliser sur n'importe qui … Alors sur lui ... Elle était révulsée par elle-même . Même un Mangemort à l'oeuvre ne lui aurait pas fait cette impression .
Pourquoi avait-elle fait ça ? Pourquoi s'était-elle laissée emporter ? Oly avait beau se répéter que le jeune Adams n'avait récolté que ce qu'il avait semé, une certitude l'emportait sur tout : Elle lui avait fait du mal, elle l'avait déshonoré et s'était elle-même déshonorée, et jamais elle ne se le pardonnerait . D'ailleurs, Mathias ne lui pardonnerait sûrement jamais non plus .

La pression que la Gryffondor maintenait d'une main de fer sur l'esprit de Mathias se fit alors de moins en moins ténue, jusqu'à disparaître totalement . La jeune fille en aurait pleuré tellement elle se sentait salie par ses actes . Elle avait réduit Mathias à un misérable, lui que finalement elle aimait tant imbu de lui-même, provocateur et toujours prêt à combattre, certes d'une manière qui lui était propre mais réelle quand même .
Le voile qui s'était posé sur le regard du Serpentard, quant à lui, se dissipait, comme s'il sortait d'un rêve éveillé, ou plus exactement d'un cauchemar . Si elle avait écouté ses instincts primaires féminins dont l'émotivité dépassait tout entendement, Oly se serait à son tour jetée à genoux devant lui, éplorée et le suppliant de la pardonner . Mais elle ne pouvait se le permettre … Elle ne pouvait jamais rien s'accorder avec Mathias, et encore moins dans ce cas-là . Ses impulsions pourraient bien mendier longtemps avant qu'elle leurs cède à nouveau .
Rassemblant tout son courage, ou toute sa bêtise, la jeune sorcière s'inclina donc légèrement vers le Préfet-en-Chef, de manière à ce que personne d'autre que lui ne l'entende, et lui susurra à l'oreille de la voix la plus sarcastique et la plus haineuse qu'elle pouvait prendre à ce moment, mettant un point d'honneur à lui rendre la pareille jusqu'au bout :

« On dirait que le Pur est réduit à l'impuissance par l'Impure . »

Elle laissa échapper un petit rire glacé pour appuyer le ton si peu convaincant de ses paroles, et s'éloigna de ce pas de l'héritier Adams avant de pouvoir croiser son regard . Le sien était brouillé par les larmes . Et celui de Sam Ridley, qui avait assisté à la scène dix mètres plus loin, était rempli de fureur .

[ Tadam ! =s ]

Sujet: Re: Serpents et Lions ne s'entendent pas . Mar 5 Jan 2010 - 6:32

Écrasé, ligoté, l’esprit de Mathias tentait désespérément de s’extirper de la ‘‘boîte’’ où Olyssa le maintenait. Sauf que c’était l’équivalent de vouloir gagner un bras de fer alors que notre poignet touche la table. Il scrutait tous les contours de cette boîte, cherchant une faille. Toutefois, sitôt qu’il en trouvait une et s’y précipitait, elle se gommait, laissant l’extérieur inaccessible. C’était comme de tenter de trouver la faiblesse d’une sphère : impossible. Cependant, plus il se heurtait à l’échec, plus les forces de Mathias se décuplaient. Était-ce ce qu’on appel l’énergie du désespoir ? Peut-être bien. Car, il faut le dire, du fin fond de sa tête, l’héritier Adams paniquait. Il n’était même pas en mesure de réfléchir tant cette panique le submergeait. Il tentait donc, dans la plus grande bestialité, de défoncer les murs de sa prison mentale. Littéralement. Aucune trace de ruse ou de subtilité dans ses actions, seulement les efforts d’une bête en cage, un désir plus grand que tout de retrouver la liberté.

Jusqu’à ce que sa persévérance porte fruit... Il sentit l’énergie qui l’étranglait s’affaiblir sensiblement. L’espace autour de lui se faisait plus grand. Il pouvait percevoir les battements de son coeur, le bruit de sa respiration... Autour de lui, ce n’était plus des murmures flous, mais des sons distincts : bruits de pas, froissements d’étoffes, chuchotements imprécis, mais nombreux. Sa vue revint également, d’abord sous forme de couleurs aux contours flous, parce qu’il retrouvait la sensation de ses sens, mais pas leur contrôle. Pas encore. Ça viendrait... Encore un effort...

« On dirait que le Pur est réduit à l'impuissance par l'Impure . »

Olyssa ! Cette phrase fut comme un coup de fouet. Surpassant la peur, la colère envahit l’esprit du Serpentard qui utilisa cette dernière pour briser comme du verre le faible contrôle que la Rouge et Or lui opposait encore. Il réintégra son corps et la réalité comme un noyé la terre ferme. Il inspira dans un sursaut, jetant des regards autour de lui à la recherche de son bourreau. Sauf qu’il n’y avait plus rien... Rien, à part des jambes tout autour de lui. En levant le regard, il en croisa des dizaines d’autres qui le détaillaient. Parce qu’il était à genoux... Il s’en rappelait comme d’un mauvais rêve. Elle l’avait obligé à s’agenouiller devant elle, à s’humilier. Il avait atrocement mal aux genoux d’ailleurs, à cause du choc de ceux-ci avec le sol en pierres brutes, mais ce n’était rien comparé à la douleur du couteau profondément enfoncé dans sa fierté.

Crispant la mâchoire, le Sixième année se releva et, se drapant dans tout son orgueil, il déguerpit en bousculant les curieux encore sur son chemin. Il fallait qu’il quitte cet endroit, qu’il se retrouve seul. Il étouffait. Il avait envie d’hurler ou de défoncer un mur. Ou les deux ! Il voulait oublier ce qui s’était passé... ou pas. C’était un Impérium ? Qu’est-ce que ça pouvait être d’autre. Olyssa... elle lui avait lancé un Impérium ! Pourquoi ? Parce qu’elle lui en voulait, oui, bien sûr. Mais... de la Magie Noire ? Olyssa ? La défenseuse du pauvre et de l’opprimé ? Ah ! Ils étaient bien beaux ces principes, bien adaptables surtout ! Comment pourrait-elle jamais lui reprocher d’être lâche après ce qu’elle venait de faire ? Enfin, elle n’en aurait plus l’occasion de toute façon. Comment avait-il même pu songer à s’excuser auprès de cette enragée !? Plus primordial encore : comment avait-il pu se faire avoir de la sorte ? Il avait été naïf. Lui ! Il n’avait rien prévu de ça... Il n’avait rien vu aller non plus. C’était un sort informulé ? Oh et puis peu importait la manière au fond !

Le couinement d’un rat tira Mathias de ses pensées et il pu constater qu’il était descendu jusqu’aux cachots de Poudlard. Il avait marché comme un zombi en direction de sa Salle Commune. Sauf qu’il n’avait aucune envie de voir des gens, surtout que la rumeur de ce qui s’était passé devait déjà courir dans le château. Alors il bifurqua au hasard d’un couloir sans ralentir son pas de marche, s’enfonçant sous l’école. Il ne stoppa que lorsqu’il fut sûr que, loin comme il l’était, personne ne viendrait le déranger. Le souffle court, il s’appuya contre un mur. L’humidité des lieux mouilla presque immédiatement le dos de son uniforme, mais il s’en foutait. Il constata que ses mains tremblaient, contrecoup de la peur qu’Olyssa avait réussit à lui insuffler. En colère, autant contre lui-même que contre elle, il ferma les poings et les enfonça dans ses poches en soufflant, tentant ainsi de se calmer.

Combien de personnes avaient assisté à la scène de son humiliation ? Au fond, même une seule, c’était déjà trop. Il ne faudrait même pas une semaine pour que le bouche à oreille fasse son oeuvre. Il lui faudrait être plus cinglant que jamais pour faire passer à tous ces imbéciles l’envie de rigoler... Maudit soit Olyssa !

[Re-tadam ! Et : Topic terminé ^^]